Lundi 29 août
Rest Area (Las Cruces) -> Bottomless Lake (Roswell)
350 miles (563 km)
La volonté inalterable de Wam aurait du faire qu'on reparte vers 4h
du matin, afin d'assister au lever du soleil sur White Sands, mais
je n'ai pas laissé faire ça. Nous étions tous deux trop fatigués,
et conduire quand on est fatigué, c'est pas bon. Lever une heure
plus tard, donc, mais tout de même avant le lever du soleil,
histoire de se rapprocher pas mal de White Sands, où nous devons
rejoindre (à nouveau) Gaëlle & Sylvain. Nous roulons plein est,
c'est à dire vers le levant. Et évidemment, ça ne loupe pas, le
soleil se lève *sur* la route. Pas très pratique pour y voir
quelque chose, aussi on s'arrète pour faire le plein, laisser le
soleil sortir de ses limbes et Manue chausser ses lentilles (et
pouvoir mettre ses lunettes de soleil...). On arrive à Las Cruces,
où la route qu'on est sensés prendre est mal foutue, mal indiqué,
moi mal reveillé, bref on se plante, on fait les deux côtés du
triangle, on ne trouve pas le Starbucks du coin ("un coin désert où
même un starbucks n'a jamais mis le pied"), pas de café ce matin
donc, imaginez l'humeur. Direction White Sands donc. Pour y
arriver, nous avons donc droit à un franchissement de col orné
d'une roquette, indiquant la proximité du champ de tir de White
Sands, juste à côté du parc naturel (oui, les fusées aiment bien
s'ébattre dans les dunes de sable blanc). Silver, depuis qu'elle a
du liquide de refroidissement, monte gaillardement les côtes, mais
on est tout de même heureux de la descente, ,qui permet de
raffraichir celle ci. La proximité du terrain militaire interdit
tout "overnight parking" dans la vallée, on a bien fait de dormir
longtemps avant, on aurait eu l'air malin tiens, à devoir faire
demi tour au milieu de la nuit (ou se faire reveiller par la police
militaire qui nous aurait pris pour des espions franco espagnols
bretons, enfin tout un programme). Nous apprenons d'ailleurs que la
route sur laquelle nous roulons vers White Sands est regulierement
fermée, pour les éssais de tir. Heureusement qu'on ne l'a pas su
avant, on aurait stressé et tout. Juste avant l'entrée du parc, la
police militaire nous arrête d'ailleurs sur la route, simple
formalité (nous sommes assez proches du Mexique, et sur un terrain
militaire ultra secret apparament, donc on les sent un peu
chatouilleux). Formalité, soit, mais quand le militaire en question
regarde le bordel à l'arrière de Silver (la glacière, la
guitare...), on stresse un instant, juste au cas où il voudrait
tout inspecter. Non pas que nous ayons quelque chose à cacher, mais
c'est un tel bordel que si un fonctionnaire tatillon décidait
d'aller au fond des choses, ca prendrait une semaine...
Heureusement, celui ci ne l'est pas, et il nous fait signe de
continuer. L'anglais détendu (californien ?) de Manue, ainsi que le
fait que ce soit elle au volant, et qu'elle soit une fille, produit
son petit effet. De même que la Border Patrol de la veille, ils se
sentent rassurés que ce ne soit pas le mec chevelu, barbu, avec un
accent dégueulasse et un bandana, qui soit aux commandes. On passe
sans doute pour un couple d'ailleurs, mais si ça peut aider à ce
que tout se passe bien, après tout...
Après cette peripetie nous entrons donc dans le parc naturel de
White Sands. C'est à dire d'immenses dunes de sable blanc comme de
la neige. Après un parcours qui serpente entre celles ci, nous
arrivons à une sorte d'aire de pique nique, au milieu d'un paysage
completement lunaire, et nous retrouvons Gaëlle & Sylvain,
arrivés avant nous, et qui ont gentillement préparé le thé (pas de
café, mais bon, on fera avec, enfin sans...) Pour vous donner une
idée du paysage, lunaire est vraiment le bon adjectif. Les photos
en parleront mieux que moi, mais je ne peux tout de même pas
resister à l'envie de poser des mots. Le contraste entre le ciel
d'un bleu (on me souffle "azuréen", mais je n'oserai tout de même
pas) profond, et le sol d'un blanc (profond ?) intense est
saisissant. L'aire sur laquelle nous sommes est constellée de
petites tables ombragées par un petit toit rond et metallique, le
sol est plat. Si l'on devait trouver des comparaisons pour le
paysage, j'hésiterai entre la lune (déjà dit) et l'arctique. Le sol
de gypse reflette la lumière comme de la neige, et en arrivant nous
avons croisé une dameuse qui tassait le chemin, renforçant
l'impression sol neigeux. Avant même le thé, juste en descendant de
la voiture, je ne peux m'empecher de sauter dans le sable,
d'escalader une dune. Le sable est le plus fin que j'ai vu. Il est
completement sec (nous sommes tout de même au milieu du désert,
même si une mare au milieu du "parking" dément un peu cette idée),
on laisse des traces à mi chemin entre la plage et la neige, on
aurait presque envie de faire des chateaux (de sable) ou des
bonhommes (de neige). Nous sommes absolument seuls, il est encore
tôt, et personne ne vient déranger notre découverte, on pourrait
parfaitement, si notre age correspondait, jouer aux astronautes.
Les dunes vierges de toutes traces nous intimident un peu au début,
encore une fois, comme la neige fraichement tombée, et nous
hésitons un peu à violer cette perfection. Une dune pietinnée en
face de la notre nous ôte nos scrupules, et nous jouons, prenons
des photos, les mettons en scène...
La matinée se passe tranquillement, entre jeux dans les dunes,
photos, thé, guitare... Mais il faut songer à repartir, on est
quand même au milieu du désert, et on préfererait ne pas trop
rouler sous le cagnard, rapport aux overheatings de la veille. On
se penche donc sur la carte histoire de décider où on va. La
prochaine étape est Santa Fé, mais c'est une étape un peu vague
après tout, et on sait qu'on a des jours de spare. Donc on inaugure
ce jour là la mode des retroplannings, et décidons de continuer à
pousser un peu vers l'Est histoire d'aller voir dans les montagnes
le scenic skyway Billy the kid. Nous lachons donc "definitivement"
Gaëlle & Sylvain qui eux continuent droit vers l'est pour
rejoindre Washington, et passons encore un peu de temps à White
Sands histoire de suivre un sentier turel, le Big Dune Trail, où
des petits panneaux nous expliquent un peu d'où viennent les dunes,
où elles vont, dans quelle étagère, tout ça. Un peu de turel ne
fait pas de mal de temps en temps. Après ce premier faux départ, un
deuxième faux, on rejoint Sylvain & Gaëlle au visitor center
histoire de prendre un "vrai" café, parce que le thé, oui bon voilà
quoi, mais le matin ça remplace pas un café. Bon c'est du regular
coffee hein, faut pas rêver non plus, on est au fin fond du Nouveau
Mexique là... Achat de cartes postales, patchs etc.., et je reprend
le volant, direction les montagnes, après l'adieu à nos
co-voyageurs.
La montagne commence dès la sortie de la vallée, assez
impressionnant d'ailleurs le changement de paysage en l'espace de
quelques miles. Ce ne sont pas encore des montagnes extremement
élevées, m'enfin on finit tout de même par arriver à une station de
ski, Ruidoso, où l'on décide de dejeuner. Très mignonne comme ville
d'ailleurs, pas de neige évidemment, mais il me semble que c'est
par ici que l'expression "top choupi" est apparue entre nos lèvres.
Ainsi aussi que "tiens on se croirait en Auvergne" et autres...
Nouveau coup d'oeil à la carte. On pourrait redescendre par la même
route que l'on est arrivé, reprendre la ten vers Albuquerque et
Santa Fé, mais ni elle ni moi ne sommes très adeptes des U-turns
forcés. Par contre, toujours dans la montagne se tient Lincoln, une
petite ville d'époque, moins touristique que Tombstone (voire
completement déserte, en fait, même à des heures presques correctes
(on a vu le coucher du soleil là bas)), où s'est déroulée une
célebre fusillade dont j'ai plus trop souvenir, le côté turel de
cette ville m'est un peu passé au dessus, j'admet. Mais sinon c'est
relativement mignon, bien qu'un peu à l'abandon, vu qu'ils doivent
pas trop avoir le droit de faire des travaux, tout ça (le côté
pervers des monuments historiques quoi)... Après Lincoln, on était
déjà pas mal à l'Est, et, à peine plus à l'Est ("un peu plus à
l'Est"...), il y a Roswell. On a tout les deux regardé X-Files, et,
forcement, Roswell pour nous, c'est quand même quelque chose, aussi
on décide d'aller y passer la nuit, histoire de faire quelques
rencontres, se faire enlever, tout ça. On y arrive peu après le
coucher du soleil, le temps de faire une balade dans Main Street et
observer le nombre impressionnant de boutiques, musées, et autres,
dédiés aux OVNIS et en particulier à celui qui se serait crashé en
47 à Roswell. On passe au visitor center trouver un endroit où
dormir, et un local nous indique le Bottomless Lake Camping, un peu
à l'est de Roswell. Assez marrant d'ailleurs, on avait reperé un
camping sur une brochure trouvée sur la porte du visitor center,
mais la localisation n'était pas très précise, et à ce moment là
une voiture fait demi tour, vient se garer devant nous, et un mec
nous demande si il peut nous aider. On lui explique notre histoire,
et il nous dit qu'il connait un camping mais qu'il sait pas comment
l'atteindre, qu'il va voir, de l'attendre quelques minutes. On se
pose quelques questions, le mec a pas l'air spécialement bizarre,
mais un peu quand même. Enfin son empressement à nous aider, tout
ça. Il revient, nous explique la route pour aller au camping, qui
s'avère être le même que celui qu'on avait reperé, remercie Dieu
quelques centaines de fois, on le bénit et reprenons notre chemin
vers la voiture.
On continue vers l'Est plus longtemps qu'on ne s'y attendrait, on
croirait presque arriver au Texas, quand on croise enfin la route
du Bottomless Lake, où l'on descend dans par une nuit noire. On
prend un emplacement de camping au hasard (ils sont tous vides de
toute façon), Manue monte la tente à la lumière des phares pendant
que je vais déposer des sous, puis soupe à la tomate, string
cheese. Après tout ça, un peu de pastis bien frais, et au dodo (en
diagonal, la tente est trop petite pour moi =/).
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