Ça arrive qu'une fois par vie, n'empêche, si on y réflechit bien.
Forcément avant 31 ans, de fait. Certains attendent plus que
d'autres, moi en l'occurrence je me retrouve parmis les derniers,
mais y'en a encore après moi (hinhin).
Un weekend de surprise, encore un. Mais dans l'autre sens cette
fois. Un ciné-canal qui paraissait tout ce qu'il y a de plus
honnête, traversée du canal, arrivée au MK2 et commande de la
rituelle tournée bière+vin+nestea. Papa est déjà là, ça me surprend
même pas plus que ça en fait, le film était un poil plus tard que
d'habitude alors après tout. On se pose tranquillement, trinquons,
quand soudain je suis instamment prié d'aller faire un petit tour.
Là, les choses se corsent. Ce n'est pas en soi *si* surprenant que
ça, tout de même. On est au canal, on est le 23 mars (encore qu'il
est un peu tôt, mais bon…), ça rappelle quand même quelques
souvenirs. Mais bon, d'habitude (si on peut parler d'habitudes dans
ce genre de situations, ce qui n'est quand même pas totalement
évident), ce genre de choses se passe à la fin du dîner, avant le
café (et le tiramisu, de fait). Là j'ai à peine commencé ma bière,
il se passe quelque chose, c'est sûr.
Je pars donc faire un petit tour aux toilettes, ayant eu la
recommandation de faire un long tour, je tarde, je tarde, et tarde
encore. Plus je tarde et plus je me dis que si c'était bon on
m'aurait fait signe, donc je continue à tarder. Au final, après
avoir fait poireauter mes hôtes pendant un certain temps, je finis
par me décider.
Je me retourne donc au moment où un sms interrogateur fait vibrer
ma poche, et m'aperçoit avec stupeur (bon peut être pas quand même,
mais tout de même…) que quelqu'un est assis à ma place. En
m'approchant de la table, je me rends compte que ce quelqu'un tout
abord est une quelqu'une¹ et qu'elle a des bougies sur la
tête. Enfin des bougies, façons de parler hein, en tout cas ça
scintille dans ses cheveux courts. Cheveux courts ? Mhmh, ça se
précise cette histoire. Bon en fait évidemment depuis le début je
sais au fond de moi de qui il s'agit (en même temps il serait
dramatique de pas le savoir, finalement), mais le savoir est une
chose, le vérifier en yeux, en mains et en bouche en est une
autre.
Me voilà donc devant eux, devant elle, qui est bien elle. On me
demande instamment de souffler mes bougies, ce que je fais illico.
Elles s'éteignent à mon souffle, ce devait donc bien être des
bougies, au final. Une pile de cadeau se dresse sur la table,
accompagnant ma chère et tendre, qui se suffisait déjà plutôt pas
mal à elle même. Des vinyls, une encyclopédie de la photographie
numérique (niark niark), une pinte de bière (le verre, pas le
contenu), mesurant en même temps ce qu'il est sensé (ou non)
contenir, et du temps. Du temps par ci, du temps par là, du temps
avec, surtout. Parce que l'important c'est qu'on soit ensemble.
Deux rendez-vous, l'un fixé (qui ne sera d'ailleurs pas respecté),
l'autre non (qui reste d'ailleurs à organiser). Du temps qui passe,
du temps qui vient. Le temps s'écoule petit à petit, nous mangeons,
les MK2 burgers disparaissent, et on reprend petit à petit le
chemin de la maison. Maison qui change pour ce soir là, mon
amoureuse ayant pris les choses en main pour nous préparer un petit
nid douillet, gentillement prété par une sœurette partie en weekend
chez le sien, d'amoureux. Endormissement dans les bras aimés, pour
une nuit de sommeil bien mérité, au final. Les émotions ça
fatigue.
Le lendemain matin (l'empereur, sa femme, tout ça), doux réveil en
forme de petit déjeuner au lit et de bonhommes en viennoiseries,
café chaud et fausses promesses de beau temps. Le rendez-vous est à
15h30 en haut d'un certain escalier en face d'une certaine tour
Eiffel, peu précis mais nettement suffisant. La donzelle ayant le
malheur de me demander ce que j'imagine faire en attendant l'heure
fatidique, je commets l'erreur d'imaginer au fond de moi l'exact
programme de ce qui est sensé suivre, mais dans l'autre sens. Le
mauvais temps nous mettant d'accord, on part faire complètement
autre chose du côté du 12ème, se balader entre daumesnil et
Bastille, le boulevard Diderot, la Coulée Verte etc. Déjeuner dans
un petit bistrot parisien, frites maisons même à 15h30, vraiment
génial. Direction la tour Eiffel ensuite, même si le rendez-vous
n'a plus lieu d'être. Moi je suis, ce n'est clairement pas une
journée normale alors on va pas faire d'histoires. Direction le
haut du petit escalier, donc. Arrivés là, le 3ème étage disparait
dans la brume et de mon sac surgit alors une bouteille et des
coupes, pour un apéritif un peu impromptu, le bouchon saute et nous
célébrons cet anniversaire en amoureux, pas mécontents de l'effet
décalé. Les petites bulles s'agitent, des smarts squattent tout
autour de nous, et on profite de ce moment romantico-cliché. Puis
départ vers le chocolat chaud, le beau temps continue à ne pas être
de la partie et se réchauffer devient urgent. Direction le café
mogador où l'on sait pouvoir trouver du vrai chocolat chaud comme
dans les livres, détour avorté pour dire bonjour à la sœurette: pas
le temps. Pas le temps au point que les chocolats chauds se
transformeront en café (serré d'un côté, allongé de l'autre, on se
complète). À peine le temps de se réchaufer, et nous voilà
repartis. Direction le sud depuis la trinité, on se rapproche
d'Opéra et une puce commence à me taquiner l'oreille. Je ne dis
rien, mais n'en pense pas moins, et me laisse guider. Arrivés sur
la place, voilà mon ange perdue. Besoin d'un plan. Je me transforme
en guide quelques secondes, « à gauche le boulevard des italiens,
en face l'avenue de l'opéra, sur la droite la rue de la paix, à
droite le boulevard des capucines ». Insister ne suffit pas,
mais le plan fonctionne, et nous voilà partis vers la droite. La
puce s'excite à mon oreille, on marche tranquillement, des néons
rouges se rapprochent de nous de l'autre côté de la rue. Arrivés
devant l'Olympia, on commence à traverser la rue, et se dirige vers
le café de l'Olympia, les lettres rouges annoncent « The Musical
Box », la puce est en arrêt cardiaque, le calme retombe. À
l'intérieur du café nous attendent déjà la famille, faussement
surprise.
La soirée se passe sous le charme de Foxtrot, on passe très très
vite sur la première partie, relativement lamentable, pour profiter
de la musique de Genesis. Soirée de rêve, il faut bien l'avouer.
Depuis que les dates sont disponibles, forcément, j'en révais un
peu, de fait. Sortie du concert, grignotage à côté de l'Olympia,
reconfort d'une mistinguette pas très en forme, comme on peut.
Dîner tardif puis retour au petit nid douillet.
Dimanche, grasse mat' en dépit du changement d'heure, je refuse de
regarder ma montre, et tant mieux, du coup j'ai pas vraiment
ressenti ce passage. Journée de librairies en discothèques et de
ciné en bistro, à travers tout Paris. Balades encore, avec mon
chat, main dans la main à pied, en métro, se promener, et partager.
Apéro et dîner à la maison, soupe et œuf à la coque, comme quand on
était petits. Le weekend se termine trop vite, comme toujours. On
est content de se faufiler sous la couette, à force de parcourir
Paris dans tous les sens, on se fatigue. Le sommeil nous emporte
trop vite, le matin est d'autant plus dur, quand il s'agit de se
lever, de se préparer et d'aller au boulot en la laissant derrière
soi, voir la porte se refermer sur elle et partir à travers Paris,
sans elle.
Un week-end surprise bienvenu (on va finir par prendre l'habitude
se voir toutes les semaines…), des souvenirs qui se tricotent, des
habitudes qui se tissent, du bonheur quoi, en fait.
—
[1]: et l'article indéfini n'est pas là pour dire que y'en a
plusieurs…
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