Donc voilà, le road-trip, c'est terminé. Les vacances pas encore tout à fait, vu qu'Eyjafjallajokull nous a filé un petit rab, mais yep, nous voilà donc à San Francisco (on sait pas très bien jusqu'à quand), après un périple de 3600 miles (soit tout de même 5800 km).
De national park en national monument : Joshua Tree, Saguaro, White Sands, Arches, Canyonlands, le Grand Canyon, Death Valley toute en fleur, Yosemite sous la neige. Des déserts, encore des déserts, des creux, des bosses, des dunes, des plaines et des montagnes, à plusieurs milliers de pieds ou bien en dessous du niveau de la mer. Du blanc, du rouge, du vert, du ocre ; du sable et de la neige ; des cactus et des sequoia, des étendues déssechées et des tempêtes de neige.
De ville en ville : Los Angeles, Blythe, Phoenix, Tucson, Las Cruces, Roswell (et ses petits hommes verts), Santa Fé, Durango, Moab, Tuba City, Williams, Las Vegas (il fallait bien), Lone Pine, Fresno, San Francisco. Petits trous paumés et grosses métropoles, motels borgnes et palaces luxueux, petites avenues de terres et strips illuminés.
D'état en état : Californie, Arizona, Nouveau Mexique, Colorado, Utah, Arizona, Nevada, Californie, les états du sud-ouest, les westerns et les déserts.
De route en route : la 101, la 405 (le parking), Mulholland Dr, ses tournants et sa vue sur le coffre au trésor de nuit, Wislhire, Sunset (pas la file de droite !), Hollywood boulevards, la 10 toujours plus loin vers l'est, la 62, ses éoliennes et ses Joshua trees, la 82, la 70 et son missile sur le col, la 285 sans panne d'essence cette fois, la 84 en accéléré pour choper un avion à Durango, mais si jolie, la 160, la 491, la 191, la 163 et Monument Valley, avec son gravillon sur le pare brise et ses airs de cartes postales, la 160, la 64, la 40, la 66 la fameuse, même si c'est juste une Historic Route, elle est quand même très choupinou, la 93, la 95, Las Vegas boulevard (le strip !), la 127, la 190, Artist Dr, la 136, la 395, la 178 entre Isabella Lake et Bakersfield, tellement adorable quand elle descend dans les gorges de la Kern, la 99 un peu dur à avaler après tant de petite routes, la 41 et son entrée dans Yosemite par la petite porte, tunnel view et Bridalveil, la 140 parce que la 120 est fermée à cause de la neige, la 99 à nouveau, la 132 pour attraper la 580, la 80 et le bay bridge, la 101 à nouveau, Mission, Castro, Diamond, le Golden Gate bridge. Toutes ces routes, parcourues dans un sens ou dans l'autre, 3600 miles parcourus, 3600 miles de paysages de part et d'autre, de vues plongeantes, de panoramas, de petites routes discretes en grosses freeways, des routes sans croiser personnes aux embouteillages de Los Angeles.
De photo en photo, évidemment. 1311 pour l'instant (and counting). Avec un petit peu de tri déjà fait, mais quelques passes à refaire. Et y compris des tentatives de panoramas alors ça compte moins. Et puis ça fait genre à peine 60 photos par jour, finalement (mpf). Beaucoup de paysages, de déserts, de dunes, de bébés, de couchers de soleil (sur le Grand Canyon et sur Zabriskie Point), de neige, de cactus, de fleurs. Un peu de gens aussi, mais finalement pas tant que ça (et c'est sans doute un peu dommage, j'imagine)
De motel en motel, au gré du vent, suivant ce qui se présente au moment où l'envie se fait sentir. Ce côté libre d'avancer où non, bien agréable mais qu'il faut savoir juguler quand il s'agit de coucher à Death Valley en même temps que tout le monde. Palaces sur le strip quand il s'agit de dormir à Las Vegas un soir de semaine, aussi. Collection de petit savons et de stylos pour signer les tickets de CB, aux couleurs des chaînes ou bien plus personnalisés. Découvertes de toutes les sortes différentes de robinets, des plus simples aux plus complexes.
De diners en restaurants, des courses chez Safeway en pique nique dans les parcs, de BLT, du Grand Canyon club, des petits-déjeuners choupinous. On recommanderait en vrac le Love Muffin Café à Moab (pour son granola au petit déj), le Old Smoky's Pancake House à Williams (pour ses pancakes et son ambiance diner), le lounge de Curry village à Yosemite pour déguster une bonne pizza du pizza house d'à côté.
Un road trip un peu sur les chapeaux de roue, pas tant de temps que ça pour se poser et se reposer, pour écrire le road book, mais c'est dur de résister à aller encore et toujours de l'avant. Ça viendra peut être, petit à petit, en espérant ne pas tout oublier. C'est vrai que c'est pas facile, que les souvenirs s'empilent, se fondent, un peu comme les couches du grand canyon. Ça se fusionne petit à petit, avec des détails qui émergent de ci de là. Avec les photos en arrière plan, qui font office de piqure de rappel, d'un événement ou d'un autre.
Ça permet aussi de se découvrir, soi même et ses compagnons de voyage. Une voiture c'est aussi un peu un huis clos. On se tricote nos souvenirs ensemble, mais on subit nos hypoglycémies ensemble aussi. Nos recherches de motel, de diner, le bon embranchement, la bonne route. Renforcé quand on a un petit bébé dans la voiture, qui ne se satisfait pas du « on arrive bientôt », on partage les bons moments comme les crises, l'important c'est qu'on soit ensemble.
Ça faisait longtemps que j'avais pas fait une aussi grande coupure, c'est agréable, rafraichissant. Les grands espaces, la route, les déserts, les canyons, la neige, tout ce que l'ouest américain peut offrir, c'est reposant. C'est beaucoup de découverte, beaucoup d'air, beaucoup de repos pour l'âme. Le passage à Las Vegas a été difficile pour cette raison, on développe assez vite une certaine agoraphobie, à force de grand air et de grands espaces, le choc a été rude. C'est moins dur à San Francisco, la ville est plus humaine, plus facile à appréhender, et ressemble effectivement plus aux villes européennes.
Et de fait, nous voilà pour quelques jours de plus que prévus à San Francisco, en attendant que Charles de Gaulle rouvre et qu'on autorise les passagers bloqués dans les aéroports étrangers à rentrer chez eux (ce qui implique sans doute qu'on soit sur que l'aéroport soit ouverts 15h plus tard lorsque l'avion décolle, je doute qu'ils laissent décoller des avions s'ils sont pas sur qu'ils pourront les faire atterrir).