Bottomless lake (Roswell) -> Santa Fé
204 mile, 328 km
Je sais pas très bien par quoi je suis reveillé, si c'est la chaleur, la lumière, l'exiguité, le recroquevillement de mes jambes, la dureté du sol, mon dos en vrac...</papa>, mais, définitivement, je ne peux pas me rendormir. Manue est encore assoupie, la nuit a été calme pour elle, moi, moins. Je me suis reveillé à plusieurs reprises, et je l'ai toujours vue roupiller comme une sonneuse. Pendant que celle ci contemplait pesamment l'interieur de ses papupières, celui là écoutait passait les soucoupes volantes (ou alors les coyotes qui venaient fouiller la poubelle à côté. A moins que ce n'ait été des aigles, on sait pas trop, y'avait les deux). Bref, finalement, on n'a pas été enlevés par des extraterrestres, ou alors on s'en souvient plus (m'en fiche, je saignais déjà du nez avant). La tente était un peu petite, et à ce stade là du road trip, j'osais pas encore négligemment dormir en diagonale dans la tente, et poser mes pieds sur ceux de manue, et comme c'est une tente igloo, y'a pas trop moyen de dépasser. Du coup, j'ai vaguement dormi recroquevillé.
Celà dit, après quelques jours à dormir dans la voiture, sur un parking ou une rest area, c'est vraiment génial de se faire un camping, de se reveiller en pleine nature, sans personne à côté. Se faire un vague café, ranger la tente, Silver est à l'ombre de l'abri de la table du camping du Bottomless Lake, donc on ne se sent pas trop pressés, c'est les vacances. Petit dejeuner sans histoire, puis on prépare les affaires de toilette. En effet, la veille au soir on a reperé qu'il y avait des *douches*. Et vu la temperature à cette heure ci, le voyage, et tout, on ne rêve plus que de ça. Je m'installe au volant de Silver histoire de rejoindre le paradis, tourne la clé de contact, et... rien. Je réessaye une fois ou deux, mais la conclusion s'impose bien vite à notre esprit. Les petits gris, à défaut de nous enlever, ont enlevé le courant de la batterie de Silver. Ou alors c'était pas forcement une bonne idée de monter la tente à la lueur des phares.Mais non, ça doit être les petits gris.
Du coup, on se retrouve un peu paumés en panne de batterie au milieu de nulle part. On décide alors de commencer par les douches, histoire de trouver un ranger compatissant sur place (ou n'importe qui de compatissant, en fait). On réussi à trouver un plan du camping, qui nous indique l'emplacement des douches. On se rend compte assez vite que le plan n'est pas du tout à l'échelle, et que, si c'est pas très grave à l'aller, vu qu'on va se retrouver sous la douche, il est fort possible que, au retour, on arrive à la voiture trempés de sueur, ce qui relativise un petit peu (mais un tout petit peu hein) l'interêt de la douche. Au bout d'un quart de marche sous le soleil déjà brulant du Nouveau Mexique, on arrive au centre du camping, et nous précipitons vers les douches. Ce coin là est relativement désert, mais pas totalement, donc on espère pouvoir trouver quelqu'un de compatissant après les douches. Je passe sur le bonheur purement reptilien de la douche, de toute façon ça ne vous regarde pas.
On refait la route dans l'autre sens, sous le cagnard cette fois, mais Manue finit par dénicher un ranger au visitor center (à l'autre bout du camping), qui accepte de venir demarrer Silver avec son gros 4x4. Celle ci démarre effectivement comme une fleur, et, après toutes ces péripeties, on décolle enfin de notre abri nocturne. C'est qu'il commence à se faire faim, et qu'on mangerait bien des pancakes, là, de suite. Notre rêve serait, au choix, un petit rade sympa dans Roswell, avec du café et des pancakes, et une ambiance chaleureuse mais toutefois intime. Seulement, ça a pas trop l'air d'être le genre de la maison, donc on cherche plutôt la solution de spare, à savoir l'IHOP, International House of Pancakes. Là, on est sûrs de trouver des pancakes. Heureusement, Roswell possède son IHOP, et on va s'y vautrer une bonne partie de ce que je sais pas trop comment appeller. "matinée" pourrait vaguement convenir, mais ca correspondrait ni avec les horaires des gens normaux, ni avec un espace entre le pétit et le gros dej. Enfin on va dire ça comme ça.
On se pose donc, commendons des pancakes et du regular coffee. Le retour à la civilisation commence par un branchement de tous les divers appareils électroniques que nous emportons avec nous et dont nous ne pouvons nous passer. À savoir, pour chacun d'entre nous: iriver, appareil photos, laptop. Bon, en fait, le laptop, c'était juste pour vider les appareils photos, et verifier si par hasard y'aurait du wifi, ce qui n'était pas le cas. Par contre, l'appareil photo fait assez vite grise mine quand on s'en sert beaucoup, j'ai pas pu prendre de photo depuis 1 jour 1/2 en fait, et ça commence à me manquer. On se met parfois un peu dans des positions extravagantes pour ce faire, vu que les prises de l'ihop sont... au plafond. On fait sans doute un peu romanos, posés là, avec nos trouc branchés, pieds nus sur la moquette,
On prend alors la route du nord, après avoir pendant 3 jours foncé vers l'est. Roswell s'efface assez vite derrière nous, et on finit par se retrouver sur une route completement déserte, comme souvent dans ces parages. Une quatre voies, au milieu de nulle part. Rien devant, rien derrière, rien à gauche ni à droite. Que des champs, parfois quelques vaches, et des collines, interminables, qui cachent l'horizon, et nous font ésperer à chaque franchissement que la civilisation est derrière. Surtout que, en fait, l'essence commence à baisser. La carte indique deux agglomerations sur cette route, avant Vaughn, à 70 miles de Roswell. On décide de s'arreter des que possible pour faire le plein, mais, les deux points indiqués sur la carte sont à chaque fois des groupes de 2/3 maisons sur le bord de la route, et à chaque fois c'est tout abandonné. L'ambiance commence à se cripser un peu quand l'aiguille de la jauge d'essence touche la gauche. La reserve ne s'allume pas, mais je me doute un peu que ca va commencer à faire short. Je lève le pied, en me disant que rouler à une allure un peu plus moderée nous permettra peut être de parcourir plus de distance. On arrive à rouler un bon quart d'heure je pense avec la jauge à zero, mais au final, on n'a pas trop le choix, je m'arrète sur le bord de la route et coupe le contact. Je préfère faire ça plutôt que la laisser tomber totalement en panne d'éssence, je sais pas trop comment elle réagirait après.
Nous voilà donc arretés sur le bord de l'autoroute, in the middle of nowhere, le soleil en train de se coucher, avec une panne sèche. Dans ces moments là, on se retrouve un peu con, en fait. Plus cons que paniqués d'ailleurs. Même si on se demande ce qu'on va faire si personne ne vient. Heureusement, ce n'est pas le cas, une voiture arrive derrière nous, assez vite d'ailleurs. Manue se jette dedans, pas forcement très rassurés de se séparer et de la laisser aller toute seule dans une voiture où on a un peu de mal à expliquer la situation à des mexicains qui même l'air d'avoir un peu de mal à comprendre l'espagnol. Enfin bref, ils l'emmenent à la station service la plus proche, et moi je prend mon mal en patience, et j'attend dans la voiture en esperant que tout se passe bien. Ce qui sera effectivement le cas (ah, ouf... rassurés ? le suspens était insoutenable hein ?). Elle revient en à peine 1/2h, la station service est à 10 miles d'ici, on aurait presque pu le faire, mais bon. Manue a reussi à se faire embarquer au retour par des gens un peu bizarres mais néanmoins sympas, vu qu'ils ont bien voulu faire deux fois demi tour sur l'autoroute (non c'est pas aussi impossible/illégal à faire qu'en france, y'a regulierement des passages entre les deux sens, mais bon faut quand même se taper le chemin entre les deux quoi). Elle revient avec son bidon d'essence, on refill Silver, qui redemarre gentillement, et nous emmène jusqu'à la station service où on fait un vrai gros plein, après quelques péripeties de cartes bleues qui passent pas dans les pompes à essence (mais bon, je suppute que ce soit lié au fait qu'il faut mettre sa carte à l'envers, et que j'ai pas du le faire le premier coup, enfin bref). Ensuite, vu qu'il fait nuit, on reprend la route direction Santa Fé. Quand même, deux fois le coup de la panne en une journée, on commence à trouver que ça fait beaucoup... Les petits gris ont sans doute siphonné le reservoir en même temps qu'ils volaient le courant.
Heureusement, la fin du voyage se déroule sans encombre, et on arrive à Santa Fé dans la nuit, vers 22h, et décidons d'aller chercher un endroit sympa dans le centre, pour se garer, puis pour manger. Le centre est vraiment mignon, même de nuit, et faute de guide du routard, on se rabat sur les journaux disponibles sur les présentoirs, pour trouver un coin où manger. J'en repère un sur Canyon Road, qui, au vu du journal, a l'air d'être _la_ rue artistique de Santa Fé, qui elle même a l'air d'être _la_ ville artistique du Nouveau Mexique. Evidemment, le bouge dont parle le journal est à l'autre bout du magasin, et on se tape tout Canyon Road de nuit, avec moi qui commence à avoir faim, crise d'hypoglycemie, tout ça. Enfin il faut être honnète, c'est vraiment joli tout ça, Manue est enchantée, moi je commence un peu à me renfrogner. Sur place, le serveur nous dit qu'il n'est plus possible de manger, par contre y'a de la bière et un groupe qui joue de la zik. Mais moi j'ai *faim* là, et on repart vers le centre ville, où le serveur nous a indiqué un petit restaurant, l'Atomic Grill, apparement le repère des djeunz Santa Féiens. On se paume un peu sur le chemin du retour, on commence par suivre la Santa Fé river (qui n'a de river que le lit, et que l'on peut adopter, comme les highways) vers downtown, on trouve pas la rue indiquée, donc on rentre dans un autre trouc qui ressemble à un saloon, avec un peu trop de bruit, mais bon on s'en fout on rentre, on veut se poser. Sauf qu'ils servent pas non plus, mais ils nous indiquent un petit restaurant, apparement le repère des djeunz Santa Féiens, l'Atomic Grill. Devant tant de plébiscite, on décide de vraiment le trouver, ce grill. Et effectivement, c'est un repère de djeunz, on peut encore y manger, relativement bien même. Et le serveur nous propose DE LUI MÊME (!!) un café à la fin du repas, ce qui, dans ces parages circonvoisins, relève du miracle. Bon par contre, ils ont pas la licence pour vendre de l'alcool après 10h du soir, donc on s'assoit sur la bouteille de vin, qui pourtant aurait étée bienvenue (surtout qu'ils font du vin dans la region). Après le repas, on retourne à la voiture, on se dégote un coin peinard avec pas trop de lampadaires, et hop, au dodo...