Alors voilà, cette nuit a été blanche. Parce que, tout de même, je
suis parti à Rennes l'année de la première édition de la Nuit
Blanche, et que sa position en fin du mois de septembre m'empechait
systematiquement d'être à Paris à ce moment là.
Maintenant que je suis revenu, je comptais bien rattraper mon
retard, et passer une vraie Nuit Blanche, blanche. Completement
improvisé celà dit, puisqu'aucun de nous n'avait de programme ou de
plan, juste une vague idée d'un vague début, au Sacré Coeur, pour
le parcours Chemin de paradis. Une fois à Montmartre, le
plus urgent était de trouver un endroit où manger, ce qui, par les
temps qui courraient, était sommes toutes assez aléatoire, vu le
monde ambiant, ainsi que l'heure avancée (même si, Nuit Blanche
aidant, les restaus devaient pas fermer si tôt que ça). Nous avons
fini par trouver un restau relativement correct, quoique un peu
bizarre, le serveur en tout cas. (un serveur qui prend à partie des
clients dans une affaire entre d'autres clients et lui, ou entre un
autre serveur et lui, c'est tout de même surprenant, et parfois
franchement déplacé). M'enfin tout s'est bien passé, et vers onze
heures et quart, on monte sur la butte Montmartre pour rejoindre le
Sacré Coeur et prendre un café avec vue sur Paris. Et que quand
même, Mulholland Drive c'est bien, la vue sur Los Angeles et le
coffre aux trésors, oui, oui, évidemment. Mais tout de même, Paris,
c'est bien. Et c'est un bonheur que d'y habiter.
On essaye de rentrer dans le Sacré Coeur, mais, à ce moment là du
film, il est nettement trop tôt, et un vigile à l'entrée nous
indique 1/2h d'attente. C'est pas qu'on est pressés (on a la nuit
devant nous...), mais bon autant aller voir ailleurs. On suit donc
le parcours, en observant les animations de la vie d'Œdipe,
projetées sur les murs d'immeubles, puis dans le train fantôme
(sans train & sans fantôme) de la Petite Ceinture, le tout
jusqu'à Clignancourt. Au passage, on visite la mairie du XVIIIème,
avec ses superbes toiles éclairées (sisi, j'insiste). Le parcours
est relativement court, on est un peu sur notre faim là, mais il
est sans doute encore trop tôt pour retourner au Sacré Cœur voir
les 200 guitares s'ébattre, et puis à 6h du mat' elles seront 300,
ça vaut sans doute le coup d'attendre. Du coup, direction
stalingrad pour aller boire un coup, se poser un peu, en profiter
pour croiser Lucie, qu'on n'avait pas vu depuis genre 4 ans. Ça
surprend, de croiser comme ça quelqu'un de commun, qui se souvient
de nous. Surtout quand elle dit "ah bin moi je suis graphiste, je
bosse, j'ai un appart de 45m^2, un mec depuis trois ans et un
poisson rouge.... mais heu, je le vis bien hein". Oui, sans doute,
soit. Moi je suis à bac+5, j'ai mon diplôme (plôme) et je continue.
Mpf.
Après ça, un petit tour au siege du Parti Communiste, où je n'étais
jamais allé, pour assister à un genre de son & lumières.
Vraiment sympa aussi, dans le genre, et la dimension mystique du
lieu est vraiment marrant à observer. Dommage d'être dérangés par
des djeunz qui braillent l'Internationale juste pour se moquer,
mais bon. Après ça, direction la fontaine à mots (ou je sais pas
comment ça s'appelle, vous comprendrez sur la video). Completement
envoutant, scotchant, visuellement attractif, même sous la pluie.
Surtout que là, il commençait à y avoir nettement moins de monde
dans les rues, donc plus de facilité à marcher (encore que en
revenant de clignancourt c'est pas comme si on avait été vraiment
dérangés...). D'ailleurs, après, on est retourné au Sacré Coeur,
parce que l'heure des guitares approchait. Re-café en arrivant,
parce que quand même hein, faut pas se laisser abattre, et puis
c'est si gentillement offert, après tout.
Puis, on arrive à se faufiler à l'interieur du Sacré Cœur, un petit
tour, y'a pas de doute, y'a pleins de guitares. Pour l'instant ils
ne jouent pas, c'est l'heure de la prière, donc on se pose en
attendant. Petit à petit, les musiciens s'installent, les chefs
d'orchestre se mettent en position, et les premiers accords
retentissent. Doux au début, avec une basse continue qui se met en
place assez rapidement, ressemblant étrangement avec de l'orgue,
grâce à l'accoustique de l'église, et aux échos. Par dessus cette
basse viennent s'enchevetrer les mélodies un peu plus aigues. Les
deux côtés de la nef se parlent et se répondent, avant de s'unir,
quand les 200 guitares grattent en même temps. La musique monte
vers le ciel, les spéctateurs, nous y compris restent bouche bée,
pendant que le son se propage, avant de s'arrêter d'un coup, relayé
par un tonnerre d'applaudissements. Vraiment impressionnant, ca
vous retourne ce genre de choses. Le concert suivant, à 6h, était
encore mieux, tout les guitaristes debout, plus de chefs
d'orchestre, une sorte d'improvisation peut être (après tout, c'est
beaucoup du gratouilli), on ne peut s'empecher d'onduler, des gens
dansent dans les travées de l'église, d'autres sautillent. On perd
un peu la notion du temps, on se laisse envahir par le son, on le
laisse nous pénetrer. Une standing ovation concluera cette partie
ci, les musiciens ne veulent pas s'arrêter, moi non plus,
j'aimerais qu'ils continuent encore et encore, je suis bien, là,
sur ce banc, je voudrais que ça s'arrète jamais, rester dans cette
église, avec les guitares qui m'appaisent l'esprit, ne pas
ressortir voir le lever du soleil.
Finalement, on levera le camp, pour rentrer à la maison pendant que
le soleil se lève. Vraiment, l'idée de la Nuit Blanche, des
parcours, j'adore, je pense que l'année prochaine je me
débrouillerai pour refaire, en petit comité, avec des gens qui
n'ont pas peur de marcher toute la nuit dans Paris illuminé, passer
par les chemins détournés. Que du bonheur, en fait.
Je vous conseille fortement d'aller voir les quelques photos &
vidéos, qui expliqueront mieux que moi la fontaine à mots, et
les 200 guitaristes dans le noir, flous et avec un son pourri.
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