Echoes Corsac.net - Echoes camshot
jeudi 20 juillet 2006 (1 post)
Tout a commencé sur l'autoroute A6, un vendredi 14 juillet au matin. Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, elle n'était absolument pas blindée d'embouteillages. Les gens ne prennent plus de vacances, c'est déprimant, ils continuent à boucher le periph le matin, mais barrez vous les gens, allez sur la côte d'azur vous griller au soleil, laissez nous tranquilles à Paris.

Bref, donc, vendredi matin, en direction du sud, sur l'autoroute du soleil. Toujours pas d'embouteillages, c'est le bonheur. Ah tiens, si, en fait. Des bouchons. Au péage. De quoi faire trépigner maman qui a du mal à avaler que le seul moment ou l'autoroute ne roule pas, c'est au moment de payer. Bref, l'autoroute finit par se transformer en nationale, et exploration de la petite ville de Pouilly, et surtout de son Pouilly Fumé. Parce que quitte à déjeuner dans une auberge près de la Loire, autant en profiter pour découvrir les crus locaux quoi.

Bon, au final, reprise du volant par votre serviteur, qui s'était du coup privé de la grande majorité du Pouilly, à peine un trempage de lèvres, et hop, direction Magny Cours. Parce que quand même à l'origine, le but c'était ça. De petites routes en petit rond-points, le nombre de cars de policiers augmente, et nous indique que l'on est bien sur la bonne route. Les embouteillages recommencent à l'arrivée sur le circuit, apparement il y aurait 30 000 spectateurs pour le concert, sans compter les gens qui viennent juste regarder le vroum vroum.

Oui parce que, quand même. On allait pas à Magny Cours pour le plaisir. Enfin heu, si, sisi, pour le plaisir. Mais pas du tout pour le grand prix de France de Formule 1. Non, ce vendredi 14 juillet se fetait le centième anniversaire de la fédération française de sport automobile, ou quelque chose du genre. Et pour célébrer ça, elle a décidé d'organiser un grand concert sur le site de Magny Cours, et d'y inviter Laurent Voulzy et Roger Waters. On était peut être les seuls dans le public a adorer les deux, mais bon c'est vraiment les deux avec lesquels on a été bercé quand on était petits, donc on connait tout par cœur, et ça aurait été un crime que de louper ça. C'est le genre de coincidence qui se reproduit pas.

Et d'ailleurs, on a bien fait, ça a été un concert génial. En plein air, au milieu de la foule, chanter du Voulzy alors que les gens autour ne sont là que pour Waters, les voir se retourner pendant qu'on beugle, sentir qu'il ne chante que pour nous, c'était quelque chose. Une fin magistrale avec un Rockollection avec les Beach Boys, les Beatles, les Stones, Bob Dylan habituels, mais aussi du Canned Heat, du America, des trucs bien pour nous qu'on se sentait grave en roadtrip. Le bonheur. On s'est tapé un gros orage pendant Voulzy, mais avec la chaleur qu'il faisait, et avec

Et ensuite, Roger Waters est arrivé, et là ça a été grand. Parce qu'il présentait Dark Side of the Moon, mais que ça ne l'a pas empeché de faire toute une première partie avec d'autres chansons. Parce que ça a été émouvant, parce qu'il a dédié le concert à Syd Barrett (forcément), et que j'ai pleuré (comme une madeleine, et sans honte) pendant Wish you were here et Shine on you crazy diamond. Parce qu'il a parlé du Liban, et que le public a chanté Perfect Sense à gorge déployée. Que c'était vraiment chargé émotionnellement, que c'était engagé. Que ça me touchait particulièrement (et que je suis un sale sensible, aussi).
À l'entracte, j'en pouvais déjà plus tellement c'était bien, tellement le son était bon, tellement on était bien, là. Le plein air, ça roxe, quand même. Au retour de l'entracte, et comme prévu, commence Dark Side of the Moon, avec une petite aide à la batterie. Nick Mason (le batteur original des Pink Floyd, pour ceux qui savent pas) est venu se joindre à Waters, et vraiment c'était bon. J'avais esperé que Gilmour et Wright rejoindraient aussi, au moins pour Wish you were here ou Shine on you crazy diamond, en hommage à Barrett, mais au final non. C'était quand même vraiment génial, d'un bout à l'autre. J'avoue que au début j'avais hésité à y aller, parce que Waters on l'avait déjà vu, parce que c'était tout de même pas donné, parce que j'avais un peu peur de la foule et du monde, peur du plein air et du côté stade. Au final j'ai été parfaitement rassuré, le son était excellent, l'ambiance de même, et c'aurait été vraiment dommage de louper les deux idoles de notre enfance :)
À noter que Waters avait composé une chanson sur le Liban y'a quelques années, qu'il nous a chanté là (Leaving Beyrouth). Il en fait 10 000 fois trop, ça dégouline grave de bon sentiment, mais n'empèche, moi ça a marché, j'ai été completement dedans.

Retour vers le nord après le concert, enfin que toute la France débarrasse le parking, il devait manquer à peine quelques départements, ça rend plutôt pas mal de voir comme ça autant de gens venant de partout (toute la France mais aussi Europe, y'avait pas mal d'anglais, de belges, d'allemands...).

Le lendemain, resdescente vers le sud pour rejoindre la Chacunière, par les petites routes, passer par Nevers, Moulin, Vichy, arriver petit à petit à la maison par des routes qu'on ne prend plus. Être au volant pour l'arrivée, récuperer Alex au passage, et retrouver la maison, sous le soleil, petit havre de paix en bas de l'allée, Mamie-Douce en haut, nous attendant. S'installer, se poser pied nus sur la grande pelouse, et retrouver la vie quotidienne de la maison.

C'était vraiment un séjour génial, ces quelques jours là bas. Reposant, la routine qui se met en place rapidement, les taches rapidement partagées et executées. Le plaisir d'être avec des gens qui apprécient ces instants, ce train train. Bouquiner encore et encore, profiter du salon, de la cuisine, descendre se balader sur les voies, cueillir des fraises et des framboises, construire un barrage sur la Dore, refaire le monde, se trouver des buts, installer un café wifi à la Chacunière, une boulangerie à Saint Bonnet, une boîte de nuit dans la grange, se poser boire une bière fraiche autour d'un feu brulant, faire des batailles d'eau pour évacuer la chaleur, subir les orages, les chutes de tension, la pluie torrentielle uniquement la nuit, boire du vin, du thé, de la bière, du café (serré). Bref, profiter de la Chacunière, de Mamie-Douce et voir le temps passer trop vite.

On reprend la route sous le cagnard, direction Vienne, avec étape platine. Manue au volant pour le début, descente vers Saint Étienne, passage de relai au café, je reprend le volant, on se retrouve sous l'orage et des pluies diluviennes (luviennes) à Saint Étienne, les gens roulent mal, ça stresse un peu, mais on est bien, tous les 5 dans la voiture, protegés de la pluie, avec notre musique.

Dix kilomètres après, c'est de nouveau un grand soleil qui nous fait transpirer, boire, et se bombarder de «miniclim». On continue dans les petites routes, récuperation de platine puis on fonce sur Vienne, traversée du Rhone qui fait le gros dos, passage à l'hotel pour déposer les affaires, et ensuite on se vautre en terrasse pour déguster une énorme glace (crème de marrons \o/). Petite balade dans les rues, et direction le théâtre antique pour la soirée: Massive Attack, avec Archive en première partie, le même programme qu'il y a deux ans, à la foire aux vins de Colmar, avec Delf. Que du bon, en fait, et encore une fois en plein air, dans une arène gallo-romaine, un cadre éminement sympathoche, et toujours une chaleur à crever, mais nuancée par un petit vent bien agréable.
Le concert commence par Lights, tout en douceur, le public est comme d'habitude insupportable, on finit par avoir l'habitude avec Archive, mais le nouveau chanteur et le nouveau bassiste nous convainquent dès le début. On se laisse porter, sans soucis. Ils ont vraiment à nouveau l'air d'un vrai groupe. Depuis la foire aux vins de Colmar, suivie du départ de Craig Walker, je les avais pas vu comme ça, uni. La composition de Lights les a aidé à se reformer en tant que groupe, et plus simplement en tant qu'interprètes, ils ont l'air heureux sur scène, soudés. Le seul un peu en dehors serait le chanteur/guitariste qui a remplacé Craig Walker, mais bon, c'était quand même bien. Prestation un poil courte, j'ai trouvé, mais bon c'était simplement une première partie, après tout, donc 1h15 c'est déjà pas mal.
Enchainé ensuite avec Massive Attack, et là, comme je m'y attendais, ça a été la tuerie. Layne, ne lis pas le paragraphe suivant, ça spoil. Encore une fois plein les yeux et pleins les oreilles. Fortement ondulatoire, impossible de rester immobile, il fallait que je bouge. On était idéalement placés, juste au milieu, au fond de la fosse. Là encore, comme pour Waters, un groupe engagé. Un Safe from harm dédié, comme la dernière fois, à l'Irak, mais avec une mention spéciale pour le Liban, avec les chiffres qui défilent sur le mur de diodes.

Retour à Paris le lendemain, sous la canicule. Autoroute quasi déserte, relai avec maman, chaleur, aire/agua, la chaleur écrasante encore une fois, on est trempés dans la voiture transformée en sauna, mais on est bien, on écoute de la musique, on roulerait encore des heures et des heures, mais on finit par arriver à Paris.

Retour un peu difficile, c'est marrant comment six jours ont suffit pour me donner cette impression de vacances, d'être parti loin. Beaucoup de voiture, pleins de lieux différents, pleins de choses différentes. Les choses simple, de la musique, la Chacunière. L'envie de se laisser porter, tranquillement. Alors évidemment, ça donne un peu envie d'aller faire boulanger là bas, mais pour avoir de quoi survivre faudrait des gens pour manger ce pain, donc ça voudrait dire faire venir des gens là bas, et est ce que c'est vraiment ce dont on a envie, hein ?

Ça m'a vraiment fait un bien fou, ces six jours de weekends. Completement décalé, un peu sur un petit nuage, loin de l'habitude. À essayer d'avoir des nouvelles de Layne dans son pays en guerre, à essayer d'imaginer (sans en être capable) à quoi y ressemble la vie. À me retrouver ému quand Roger Waters ou Massive Attack lui dédie une chanson. À osciller entre l'inquiétude de la savoir pas loin des bombes, et à la tranquillité de la savoir loin de tout. Compatir, pour ce pays que je ne connais que par elle.

Je suis bien sur ce petit nuage, je crois que j'ai bien envie d'y rester tiens.

Et pour finir:

And the Germans kill the Jews
And the Jews kill the Arabs
And the Arabs kill the hostages
And that is the news


Can't you see
That all make perfect sense ?
Expressed in dollars and censes
Pounds, shillings and penses.
Oh can't you see,
That all make perfect sense.
Roger Waters - Perfect Sense

You can free the world
You can free my mind
Just as long as my baby's safe from harm tonight
Massive Attack - Safe from harm

Corsac@23:21:11 (Echoes)

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