Alors voilà, c'est fini, c'est passé, et maintenant, nous revoilà
seuls et désœuvrés.
L'effet retour de camp d'été, un peu. On se replonge dans le
boulot, pour pas s'ennuyer, et parce que au final y'en a qui a fini
par s'entasser derrière le dos.
Tout ça parce que, ce weekend, Mademoiselle avait décidé de (pas)
avoir 25 ans. Enfin que nous on avait décidé qu'elle aurait décidé
de pas avoir 25 ans. Question de principe, on avait envie de
s'amuser, de faire la fête, de danser, d'avoir du monde, des
histoires à raconter, un feu, du champagne dans la neige (bon il
est encore un peu tôt pour ça). On avait l'occasion, le prétexte,
maintenant il fallait tout monter. Et s'y prendre suffisament à
l'avance pour bloquer tout le monde, pour la bloquer elle, pour
trouver le contenu, l'emploi du temps, la logistique.
Bref, mais de quoi je parle... Manue parlera nettement mieux
que moi du IN, vu que c'est elle qui l'a vécu, et que tout ce
qu'elle a vécu n'a forcement rien à voir avec tout ce qu'on a pu
imaginer. Mais va falloir patienter, parce que si elle est comme sa
mère, vous en avez pour 6 mois (et pis c'est pas l'aggreg qui va
aider hein, alors prenez votre mal en patience).
Moi, je suis ici pour parler du OFF, du back office, de derrière
les fagots. De tout ce qu'il a fallu lui cacher pour en arriver là.
Des centaines de mails, de coups de fil, des copiles, des pates, du
vin rouge par tonneaux. Et même avant ça, s'interroger sur le
pourquoi du comment, juste entre quatre yeux (enfin 8, là). Des
repas à se demander quoi faire exactement.
Échaffauder les pires crasses pour Manue. Faire disparaitre tous
ses potes au petit matin ? Ah ouais pas mal, gniark gniark gniark.
On organise un faux weekend avec ses potes, et paf, le samedi
matin, disparus ! Mais on fait disparaitre son soupirant ou pas,
alors ? C'est pas très gentil quand même. Et comment lui faire
quitter le lit conjugal sans la réveiller ? Ou bien il est même pas
là du tout ? Donc pas de soirée avec lui la veille ? Dur quand
même...
Bon pis une fois là, que faire ? Elle sait pas choisir, on peut
continuer dans le sadisme, et lui faire faire des choix toute la
journée, encore et encore, ad nauseam. Oui mais là ça commence à
poser des problèmes logistiques si on fait des vrais choix.
Que faire des alternatives non choisies ? Si y'a des gens au bout,
c'est pas très gentil pour eux. Ou alors ils seront éventuellement
rechoisi plus tard, mais ça veut dire mobiliser les gens pendant
toute la journée, c'est pas forcément gérable non plus.
Bref, au final, tout un tas d'anniversaires différents, le temps de
se tater, d'avoir des idées, de rejetter sans arrêts celles de
maman, pour une raison ou pour une autre. Commencere à prevenir les
gens, petit à petit, quand il faut les booker,
materiellement. Quand on les a sous la main. Butiner à droite à
gauche des idées. Et puis petit à petit sans s'en rendre compte, se
lancer dedans à corps perdu. Y penser tous les soirs aux diner,
terroriser papa quant à ce qu'on imagine faire subir à sa pauvre
fille.
Commencer les envois massifs de mails pour prévenir tous ceux
auxquel on a pensé, prévoir les COPILs (COmités de PILotage), les
pates à la bolognaise, le vin rouge, les noix de cajou. Sortir le
Nagra et les
appareils photos pour le Making Of. Tout faire discretement, pour
qu'elle ne se doute de rien. Sursauter à la moindre entrée dans
l'appartement, demander « qui c'est ? » pour éviter de se faire
surprendre en flagrant délit d'organisation.
Flipper quand Manue débarque un beau jour, quelques heures avant un
COPIL secret, au milieu des préparatifs, et faire semblant de rien,
l'occuper pendant que Maman range tout.
Bref, organiser, dans son dos, passer du bon temps avec ses potes,
tout lui cacher, s'éclater, tout pour lui préparer une journée du
feu de Dieu.
Enfin, on finit, tant bien que mal, par avoir l'impression d'être
prêts. La veille au soir, préparer tous les petits sacs pour le
lendemain. Manue déjà là bas, tout est lancé, on ne peut plus rien
faire qu'attendre qu'elle débarque le lendemain à gare de l'est.
Alea jacta est, comme on disait.
Se lever le samedi matin, angoisser jusqu'à avoir confirmation que
Manue s'est bien levée, qu'elle a bien pris le train. Angoisser à
nouveau quand on se rend compte que le premier café est fermé.
Aviser, pour la première et pas dernière fois de la journée.
Improviser une modif, seul in charge, trouver un truc qui tienne
debout, et y aller, tant bien que mal. Se sentir rassuré quand Alex
l'a au téléphone, que tout va bien, qu'elle est perdue mais déjà à
fond dedans.
Partir en avance de phase, briefer le groupe suivant à Gare de
l'Est, laisser le lapin blanc attendre Manue, repartir sans l'avoir
vue, enfourcher le vélo, pédaler dans Paris sur son vélo, vers la
Gare du Nord. Briefer encore le groupe suivant, prendre un café,
avoir de ses nouvelles indirectement, les choses se passent bien,
souffler un peu. Reprendre le vélo vers Saint-Lazare, arriver en
avance, prendre un café, Morgane au téléphone, train loupé. Aviser
à nouveau, la reconforter, en larmes au téléphone. Improviser une
solution, reconforter encore, accueillir le groupe suivant, prendre
un café, briefer le serveur, accueillir le groupe précédent, les
choses se passent bien, ça va aller, on va se débrouiller,
rebriefer Morgane, dernières instructions. Reprendre le vélo pour
Montparnasse, traverser Paris du nord au sud, la Madeleine, la
Concorde, la Seine, Saint-Germain, rue de Rennes et Montparnasse.
Se reposer, prendre un coca pour se raffraichir et maintenir le
taux de caféine. Briefer Diego, le lapin blanc, laisser les vélos,
reprendre le métro, se sentir bizarre sous la terre, voyager sans
pédaler. Se planquer à Breakfast in America, voir Manue arriver,
déposer le bateau, voler les vélos, repartir vers Gare de Lyon, se
poser enfin à l'Esplanade, manger, récuperer le lapin blanc.
Profiter du soleil, se reposer un peu, briefer Guillaume, repartir
en vélo vers la gare d'Austerlitz, traverser la Seine une fois de
plus, penser très fort à elle, remettre à plus tard les choses que
j'ai envie de lui dire. Monter dans le train, par miracle déjà
annoncé, se planquer, attendre Manue. Récuperer la clé de la boîte
une fois Manue monter, traverser le train de bout en bout pour
aller se planquer, et attendre que le lapin blanc lui ait donné le
livre et le message en morse. Profiter du voyage vers Orléans,
continuer à maintenir le contact avec maman, loin de
l'action.
Reprendre du service à l'arrivée aux Aubrais, se cacher derrière un
poteau pendant que Manue se fait alpaguer, emmener à la voiture, et
bander les yeux. Rejoindre Julie & Romain, et « enlever »
Manue. Ne rien dire pendant le trajet, pour ne pas trahir ma
présence. La débarquer 1h30 plus tard, rejoindre les parents et
Lol. Commencer la partie familiale de l'affaire, l'accompagner dans
son dos lors des épreuves. L'éclairer sur la route, l'emmener à bon
port. Croiser les bourhymées, Retour vers le Futur, Matrix avec Neo
& Trinity, se faire charmer par le violon du Seigneur des
Anneaux, puis le Chat de Cheshire d'Alice au Pays des Merveilles.
Et enfin arriver, le chemin de lumière. Un dernier obstacle, le
garde à l'entrée, qui veut un mot de passe. La laisser réflechir,
l'aider petit à petit, quand elle se nénupharise et se retrouve
dans tous ses états. Manger les derniers chocolats du retour dans
le temps. Et enfin la laisser ouvrir la porte, et retrouver tout le
monde. Se retrouver autour du feu pas encore allumé, avec toutes
les verrines, et retrouver tous les participants. Juste le temps de
croiser quelques regards, et Manue arrive, avec les
cessoyens.
Mettre un peu en scène, comme on aime bien faire. Éteindre les
bougies, et allumer le feu. Faire le générique de la journée. Et
enfin se poser, ouvrir le champagne, et la laisser raconter sa
journée. Maintenant, c'est fini, on peut se reposer, on n'est plus
in charge. Laisser les gens profiter d'elle, de ses
histoires. Se laisser aller dans des bras calins, heureux de la
journée qui vient de passer, épuisé de la charge émotionnelle, de
l'organisation, d'avoir couru, pédalé, marché dans Paris. Manger au
milieu de la fête, prendre encore des photos, mettre de la musique,
et se coucher pas si tôt que ça, parmis les derniers, quand
l'ambiance devient plus intimes. Se sentir bien en bas, s'endormir
dans des bras affectifs, et chuchoter enfin les mots d'au dessus de
la Seine.
Le lendemain, profiter des lendemains de fêtes, des petits
déjeuners à 40 personnes, du café par litres, des croissants, des
restes de gateaux. Voir les gens partir petit à petit, ranger tout,
jouer aux cartes, profiter du soleil. Finir par lever le camp,
conduire jusqu'à Paris, quelques embouts, déposer Anaïs &
Nicolas devant chez eux, rejoindre la maison.
Et se sentir en plein baby blues, en se vautrant sur le canapé. Ne
plus rien avoir à organiser, à penser. Comme toujours, l'effet
retour de camp, de trikend ou de colo. Profiter d'une dernière nuit
avec le lapin blanc, et repartir au boulot.
Un anniversaire du feu de Dieu, du grand bonheur. De la préparation
à l'improvisation du jour même. Pleins d'anniversaires différents,
pour obtenir l'anniversaire "parfait", c'est à dire celui qui a eu
lieu, le seul qui a existé. Pas du tout le même que celui auquel on
pensait la veille, une semaine ou trois mois avant. Mais celui de
Manue, ses 25 ans.
Bon anniversaire, et au plaisir d'en refaire encore pleins des
comme ça... (mais enfin pas trop vite quand même, laissez nous le
temps de souffler)
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