Ce matin, je me reveille. J'ouvre les yeux pour la dernière fois de
cette grasse matinée, bien méritée. Les babillages de la maison que
j'entends en arrière plan sonore depuis le début de la matinée
commencent à s'étendre, les aller/venues, les courageuses qui
bossent, les courses à faire. La maison s'anime, et unilatéralement
la fin de la nuit est décidée.
Je profite des quelques instants à profiter de la chaleur du lit,
mes yeux s'habituent à la lumière, mon regard erre sur la
bibliothèque à la recherche de je ne sais quoi, les yeux dans le
vague. Je balaye d'un bout à l'autre les livres que j'ai déjà lu,
sans but précis. Quand soudain je suis accroché par un petit livre
rouge qui dépasse. Ça ressemble au Manifeste du Parti
Communiste que m'avait offert manue à Noël, après tout le
monde, dans l'intimité de la chambre, parce que ça ne l'aurait sans
doute pas fait sinon. Sauf que sa couverture de « petit livre rouge
» a disparu depuis longtemps, et qu'il n'est pas à cet endroit là.
Je m'interroge, fouillant dans ma mémoire embrumée à quoi
pourrait-il bien correspondre. Achevant de me réveiller, j'arrive à
la conclusion dramatique que je n'ai pas la moindre idée du bouquin
auquel il correspond. La reflexion suivante est que ce n'est pas un
de mes livres, et celle d'après est immédiate.
Je connais ce rouge. Je connais ce papier. C'est le papier du lapin
blanc. Je suis maintenant tout à fait réveillé. Je ne sais pas
précisement depuis combien de temps il est là, plus exactement je
ne sais pas s'il était là depuis -avant- le faux départ ou non.
Mais ça n'a pas d'importance sur le moment, je le sors de la
bibliothèque, le toucher confirme mon intuition visuelle, c'est
bien le papier chéri. Ce n'est pas un livre, c'est un paquet, on
peut lire dessus qu'il va falloir patienter. L'écriture argentée
que je commence à connaître et associer au rouge me chuchotte dans
l'oreille que je vais devoir attendre quelques jours encore pour
connaitre la raison de la présence de cet intru dans ma
bibliothèque, et le laisser m'observer encore un peu quand je
dors.
J'adore l'effet de surprise engendré par l'irruption de l'exterieur
dans mon intérieur, par les indices laissé derrière, par le teasing
induit. Je le pratique aussi, mais je frémis à penser que j'aurais
pu ne pas le voir avant la date de péremption. Peut être n'est-ce
pas très grave, et je pense que j'aurais été prévenu d'une façon ou
d'une autre, mais tout de même. Maintenant je m'arme de patience,
et continue de lui jetter des regards de temps en temps, comme s'il
allait se déployer tout seul, et qu'un lapin allait en sortir.
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