Cet appartement, c'est un trip en lui même.
Ca arrive qu'il soit rangé.
Mais plus souvent, on trouve ca & là des fraises tagada, des paquets de clopes vides, des paquets de clopes pleins, des cendriers vides, des cendriers pleins, des bouteilles d'eau, de biere, de whisky, de rhum, des boulettes, du nutella, des curlys, des céréales_mais_c_est_pas_possible_ya_du_crack_dedans, des cds, de l'anglais_faut_que_je_le_fasse_pour_demain_sinan_je_vais_avoir_des_points_en_moins, des disques durs, des capsules de bieres...

Il y a aussi deux canapés, avec des griffes. On peut s'assoir dessus, se vautrer dessus, mais on peut pas en sortir.

Il y a un PC, qui marche mal, il est lent, il rame sur les DVD, sur les DiVX, mais on pourrait pas s'en passer. Il y a en permanence ouvert dessus Trillian, Miranda ICQ et MSN Messenger, ainsi que 2 mIRC. On check les mails sans arrêts. Jamais personne. En permanence un IE ouvert sur un blog.
En permanence winamp qui tourne. Mon disque dur posé par terre. Ma playlist loadée. Il l'aime pas cette playlist. Je n'aime pas trop la sienne. On fait comme on peut. On laisse le random décider. Ou pas.

Il y a un mur à trip. Qui trippe.

Il y a une fenêtre. Une superbe fenêtre, la fenêtre idéale pour sauter, celle que tout le monde a en tête quand on pense à ca. Mais il y a un panneau. "Prière de ne pas se jetter par la fenêtre". Alors on le fait pas. De tout façon on a la flemme.

Il y a de la vaisselle sale par terre, un placard avec pleins de choses a manger dedans. Ou pas.

Il y a une porte, sur le monde exterieur. Mais dessus est écrit "Attention monde, priere de ne pas se jetter dedans". Ou "dehors".
Alors on ne se jette pas dans le monde.

Quand on rentre dans cet appartement, on ne peut pas en sortir. Tous les objets ci dessus ont des griffes, qui empêchent le départ.
On s'y sent comme dans du coton. Les nerfs anesthésiés. On ne sent plus la douleur. On est bien. On veut dormir, ne plus bouger, ne plus sortir de cet appartement.

Cet appartement c'est une drogue. Ya du crack dedans à mon avis...

Mais, quand j'arrive à en sortir, c'est le bonheur. Je connais le chemin pour rentrer chez moi par coeur, je pourrais le faire les yeux fermés. J'adore le faire à 2h du mat, quand il n'y a plus personne ou presque dans les rues. J'adore marcher dans Rennes. J'adore marcher. Enfin de l'air pur.
Puis j'arrive chez moi.
Je rebranche mon disque dur.
Je remet de la musique sans me soucier de ce qui passe, sans être à l'affut de "Joue pas" ou de "Fanny Ardant et moi".
Je m'écroule sur mon lit. Je décroche le téléphone.
Tu me manques.
Toi aussi tu dois avoir du crack dedans...